"Délit de solidarité" : quand la loi et le droit se combattent
Le 2 octobre dernier, Domenico Lucano, maire de Riace en Calabre, était arrêté par la police italienne, soupçonné d’aide à l’immigration clandestine. Lucano est connu pour sa politique très favorable aux migrants, étant même depuis des années montré en exemple d’une intégration heureuse. Dans l’Italie de Salvini, il est assurément devenu une cible, pour le symbole qu’il représente.
De ce côté-ci de la frontière, cela fait écho aux déboires judiciaires qu’a connus Cédric Herrou dans la vallée de la Roya, ou encore aux poursuites envers Martine Landry, engagée dans l’accompagnement des migrants qui traversent la frontière à Vintimille.
Cette militante d’Amnesty International est dans l'attente d’un jugement en appel à la Cour administrative d’Aix-en-Provence, alors même que le Tribunal administratif de Nice avait pronconcé une relaxe sur son dossier en mai dernier.
Nous nous sommes intéressés à ces élus ou membres d’association qui, après les simples citoyens engagés dans des collectifs d’aide et de soutien aux réfugiés, prennent le relais, en accord avec leurs valeurs, au risque de se retrouver hors la loi.
Comme avec Cédric Herrou et les paysans de la vallée de la Roya, comme Lucano en Italie face à un exécutif désormais souverainiste et hostile à l'accueil des réfugiés sur son territoire, l’État français répond par l'intimidation et la répression, en opposant à des initiatives fraternelles des lois souvent contradictoires avec les principes fondamentaux du droit international, notamment la Convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés et la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
Martine Landry nous a ainsi livré plusieurs exemples des entorses à la loi et au droit par les forces de police, particulièrement sur la prise en charge des migrants mineurs.
Nous publierons prochainement un entretien avec Martine Landry, et reviendrons en détail sur ses engagements au sein d'un collectif d'associations de la région.