Democratic Crash Test
Avec Donald Trump au pouvoir, l'Amérique vit un « Crash Test Live » de sa démocratie. Et ce test de résistance n'est pas un exercice : à peine la victoire démocrate à la Chambre des représentants confirmée début novembre, le président a changé de Procureur Général, et nommé un intérimaire connu pour son opposition à l'enquête russe du magistrat Robert Mueller. Il a également redoublé ses attaques contre ceux qui questionnent ses contradictions, ses positions racistes et sexistes, ou ses mensonges : les journalistes. Ceux que Trump désigne comme les "ennemis du peuple" à ses supporters chauffés à blanc par ses diatribes. Pour une question à laquelle Trump avait refusé de répondre, Jim Acosta, le correspondant de CNN à la Maison Blanche a vu son accréditation suspendue.
En creux, nous assistons ainsi, en direct, au fonctionnement des garde-fous que sont la liberté de la presse contre les mensonges d'un pouvoir, l'indépendance de la justice contre l'arbitraire et une opposition politique ayant un accès à l'opinion publique grâce au pluralisme des médias.
Cette bataille aux enjeux vertigineux a au moins le mérite de faire comprendre ce que vivent les dissidents dans les pays où, eux, font déjà face à des régimes autoritaires.
Cet « instant Trump » démontre également que la démocratie n'est pas « occidentale » et qu'il n'existe donc pas d'alternative « illibérale » : en examinant un tant soi peu les régimes présentés comme une alternative nationaliste démocratique, leur leader ne sont pas élus dans des conditions normales de pluralisme ; la justice y est un instrument de répression contre les opposants et d'impunité pour les dirigeants et leurs enfants ; la population y est « informée » par une propagande mensongère de médias aux ordres.
Les dissidents de tous les pays sont en général des personnes seules, que leur conscience pousse à l'inconscience de rappeler à voix haute la réalité des mensonges du régime qu'ils dénoncent. Eux ont compris ce qu'une démocratie veut dire...