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Veilles & Nouvelles du 18 février 2022 : Afghanistan, Pakistan, Chine, Inde

#1 - Pakistan - Afghanistan : où va l’argent

Il y a une semaine, Joe Biden signait un décret présidentiel afin de débloquer sept milliards de dollars, fonds afghans gelés en août dernier, qui permettraient de répondre aux demandes d’indemnisation de victimes des attentats du 11 septembre. En Afghanistan, on fait valoir que le peuple afghan n’a pas à payer, qu’il ne peut être tenu pour responsable d’attentats qu’il n’a pas commis, et que l’argent manquant cruellement, c’est le pays tout entier qui plongera plus encore dans une catastrophe humanitaire déjà enclenchée.

Dans le même temps, la Financial Action Task Force (FATF), une organisation intergouvernementale en charge de la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, s’apprête à remettre un nouveau rapport sur les progrès du Pakistan en la matière. C’est l’occasion de rappeler le rôle de ce pays dans le financement du terrorisme, notamment au “bénéfice” des Talibans afghans voisins, et d’encourager la FATF à redoubler de vigilance et de sévérité face au Pakistan qui se trouve bénéficier d’un soutien diplomatique chinois assidu dans ce dossier.

A l’initiative de Taha Siddiqui, journaliste pakistanais réfugié à Paris, une manifestation est organisée demain samedi 19 février à 14h devant le siège de l’OCDE où se réunira la FATF. Toutes les informations ici : https://www.facebook.com/events/331949398846883/

Sur les questions de corruption et de criminalité financière, un site très précieux : Know Your country, livre pour chaque pays le degré de conformité par rapport aux recommandations de la FATF, assorti pour chaque situation nationale d’informations économiques essentielles : https://www.knowyourcountry.com/pakistan1111



#2 - Chine : les jeux dystopiques d’hiver touchent à leur fin

Les jeux Olympiques d’hiver se déroulent et prendront bientôt fin dans une atmosphère délétère. En effet, le modèle de ces JO d’hiver aura été impopulaire à plus d’un titre : aberration écologique de la neige artificielle produite par tonnes (185 millions de litres, plus précisément), conditions drastiques d’isolement pour les athlètes et la presse en pleine résurgence de la pandémie, débauche de technologies dans les équipements du village olympique jurant avec la laideur industrielle des sites de certaines compétitions. Surtout, la question du génocide ouyghour, qui avait fait l’objet d’une importante mobilisation internationale en amont des Jeux, a été cyniquement évacuée lors de la cérémonie d’ouverture, la flamme olympique ayant été confiée à une jeune athlète ouyghur.

Deux articles pour rendre compte de cette étrange dystopie chinoise qui s’achève bientôt.


#3 - Inde : de l’école au bureau de vote, la haine des musulmans est partout

Février 2022 est un mois d’élections en Inde, notamment dans l’Etat d’Uttar Pradesh (200 millions d’habitants). Cet état très pauvre du nord-est de l’Inde est un bastion du fondamentalisme hindou, dont on dit qu'il est le laboratoire du BJP, le parti du Premier ministre Modi. La période électorale actuelle voit à nouveau les frustrations et les fantasmes conspirationnistes se cristalliser en une haine systémique des musulmans, ce que raconte très bien le court reportage de l'activiste Yogendra Yadav.

Plus au sud, l’état du Karnataka est le siège depuis décembre dernier d’une violente controverse autour de l’interdiction du hijab au sein des établissements scolaires. Ce bannissement a suscité une mobilisation massive des lycéennes musulmanes autant que des étudiants hindouistes déterminés à chasser celles-ci hors des campus.

Enfin, sur cette dérive lente vers un état suprémaciste hindou, il faut lire le récit incroyable de la journaliste Rana Ayyub, régulièrement harcelée et attaquée par l’extrême-droite fondamentaliste indienne (pour une enquête réalisée du temps où Modi était à la tête de l'état du Gujarat et coupable d’y avoir toléré le massacre de musulmans). Ayyub prend la parole et décrit à nouveau, sans jamais vaciller malgré le danger d’une telle exposition, le déferlement de haine qu’a déclenché cette fois-ci un tweet où elle évoque le sort du Yemen, se retrouvant alors prise entre deux feux : les loyalistes du royaume saoudien, et ses contempteurs habituels anti-musulmans du sous-continent.

Sumi Saint Auguste


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